Mes recherches


Travailler sur la vie en situation de confinement, notamment lors de missions spatiales, sous-marines ou polaires, nous fera approcher l’essence même des besoins humains en termes d’habitabilité, mais également les moyens de renforcer cette dernière.

Dans un premier temps, une tentative de définition de ce qu’est le confinement devra m’aider à en établir les critères. Est-ce un enfermement ? Est-ce un isolement ? Est-ce une limitation ou une privation d’autre chose ? Quels sont les différents niveaux ou les différentes situations de confinement ?… Dans cette gymnastique sémantique, l’introduction de la distinction "environnements isolés et confinés" et "environnements extrêmes et inhabituels" apportera un autre éclairage que la situation d’un homme paradoxalement confiné dans une immensité. Dans cette tentative de définition(s), réside aussi un intérêt quant à la cartographie des éléments venant rendre le confinement plus supportable (ou éléments adjuvants), et ceux qui, à l’inverse, le rendront plus dur (ou éléments pénalisants). Ce premier travail permettra de proposer un outil de mesure du ressenti de confinement afin de pouvoir anticiper l’impact de telle ou telle situation à venir.

Ensuite, je m’intéresserai au "pourquoi" de ce confinement. Le comportement humain en situation de confinement a très tôt concerné de nombreux domaines d’études – parfois à des fins moralement inacceptables comme les tortures dites "blanches" –, mais pour moi une question centrale demeure "pourquoi l’homme accepte-t-il de vivre dans de telles contraintes ?". Au-delà des dimensions psychologiques, voire psychanalytiques ou encore sociales qui seront brièvement abordées, une réponse se trouve peut-être dans son besoin perpétuel de conquête, de découvrir de nouveaux horizons, de repousser sans cesse les frontières du monde connu. L’acceptation d’une vie confinée serait alors le degré ultime de l’abnégation face à la mission, au défi à relever pour satisfaire cette soif de nouveaux horizons, le moyen de repousser la "nouvelle frontière", chère à Kennedy.

J’aborderai également le sujet de façon concrète à travers l’étude de deux situations de confinement : la vie à bord des sous-marins français et sur les bases polaires en Antarctique. Comment se prépare-t-on à de telles missions ? Comment part-on ? Comment vit-on au jour le jour? Comment en revient-on ?… Ces deux exemples reprennent ainsi la distinction introduite lors de la tentative de définition, à savoir les "environnements isolés et confinés" et les "environnements extrêmes et inhabituels". Il se trouve qu’en mêlant l’expérience humaine de ces deux situations, nous arrivons peu ou proue à la future expérience d’un homme pionner de la conquête martienne. Le sous-marin serait alors le vaisseau spatial ; le pôle sud deviendrait quant à lui la surface de la planète Rouge.

Enfin, le rôle possible du designer serait une proposition de conclusion à ce mémoire. Mon postulat est que le designer peut accompagner l’homme vers ses utopies, en explorant des pistes d’amélioration de la vie en milieu confiné. Les recherches actuellement disponibles sur les milieux confinés émanent des disciplines plutôt scientifiques, comme la médecine, les neurosciences, la biologie ou encore la sociologie. Mon postulat est que le design peut-être une application de ces recherches fondamentales afin d'accompagner l'homme dans ses utopies de conquête. Il peut être aussi l’occasion de mettre ces aménagements en œuvre à plus grande échelle et pour le plus grand nombre. Ainsi, les milieux confinés seraient des "tubes à essai" dans lesquels se trouveraient des applications pour la vie de tous les jours, dans des situations de confort dégradé pour d’autres raisons que le cadre des missions abordées (je pense ici à la mésaventure des mineurs chiliens).

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